Sans titre
Sans titre
Tant soit peu plus chrétien que ne l’était Tibère,
Mais cent fois plus cruel qu’il ne le fut jamais,
Amateur de la guerre, ennemi de la paix,
Pour régner, j’ai brouillé le fils avec la mère.
Après avoir donné le trépas pour salaire
A tous ceux qui voulaient châtier mes forfaits
J’allais par le poison achever désormais
Ce qu’avec le fer mon orgueil n’osa faire.
J’étais prêt d’acheter comme on fait à l’oiseau
A beaux deniers comptants les clés du Vatican
Quand l’effroyable mort qui d’un même bras frappe
Et dessus le vizir, et dessous le satrape
Par un funeste coup la clarté me ravit
Et me fit trébucher dessous sa noire trape.
Maudit soit le jour qui la vit,
Car je n’avais pas la sainteté d’un pape,
Ma nièce vous dira que j’en avais l'esprit.
Arsenal 3128, f°18 - Tableau de la vie de Richelieu, p.121-22 - BHVP, MS 555, f°16v-17r
Ci-gît 0117