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Réception de Fontenelle à l’Académie française

Réception de Fontenelle à l’Académie française

 

Réception de Fontenelle à l’Académie française

Or, écoutez, noble assistance, 

Ce qu'à l'Académie on fit

Dans la mémorable séance 

Où l'on reçut ce bel esprit.

Ce qui fut dit (bis) 

Par ces modèles d'éloquence 

A bien mérité d'être écrit.

Quand le novice académique 

Eut salué fort humblement, 

D'une normande rhétorique, 

Il commença son compliment,

Et sottement, (bis) 

De sa noblesse poétique, 

Il fit un long dénombrement.

Corneille, diseur de nouvelles,

 Support du Mercure galant, 

Loua son neveu Fontenelle, 

Et vanta le prix excellent

 De ses talents, (bis) 

Non satisfait des bagatelles 

Qu'il dit de lui douze fois l'an.

Doyen de pesante figure 

Qui trouve le secret nouveau 

De parler aux rois en peinture 

Et   d'apostropher  leur  tableau,

 Ah! qu'il fait beau (bis). 

De te voir en cette posture, 

Faire à Louis le pied de veau.

Si tu ne savais pas mieux faire, 

Lavau, pourquoi donc t'imprimer? 

Ne sors point de ton caractère, 

Contente-toi de déclamer

Sans présumer (bis) 

Que ton ignorance grossière 

Sur le papier peut tout charmer.

Entêté de son faux système,

Perrault, philosophe mutin,

Discourut d'une force extrême,

Et coiffé de son Aventin,

Fit le lutin (bis)

Pour prouver nettement lui-même

Qu'il n'entendait grec, ni latin.

Boyer, Le Clerc, couple inutile, 

Grands massacreurs de Hollandais, 

Porteurs de madrigaux en ville, 

Moitié Gascons, moitié Français,

Vieux Albigeois, (bis) 

Allez exercer votre style 

Près les successeurs d'Henri Trois!

Touchant les vers de Benserade,

On a fort longtemps balancé

Si c'est louange ou Pasquinade,

Mais ce bon homme est fort baissé,

Il est passé, (bis)

Qu'on lui chante une sérénade

D'un requiescat in pace.

Prions Dieu, la Vierge Marie, 

Et tous les saints du Paradis, 

Que du corps de l'Académie, 

Tous ignorants soient interdits,

Comme jadis, (bis) 

Quand Richelieu, ce grand génie, 

Prit les premiers Quatre fois dix.

 

Numéro
*0030


Année
1691




Références

Barbier-Vernillat, III, 187-89