Paraphrase du Pater sur le règne de Louis XIV
Paraphrase du Pater sur le règne de Louis XIV
Paraphrase du Pater sur le règne de Louis XIV
Louis faisait autrefois
Trembler les princes et les rois
Et sa vaste puissance
Nous le faisait par complaisance
Appeler Pater noster.
Qu’est devenu ce nom fameux,
Ce nom si beau, si glorieux,
Sous qui tremblait toute la terre,
Hélas pour la paix ou la guerre.
A peine sait-on aujourd’hui qui es.
Tes alliés et tes ennemis
S’applaudissent de ton désastre
Et te regarde comme un astre
Éclipsé sur la terre in coelis.
Tes pauvres malheureux sujets
Voyant tes superbes projets
En murmurent au fond de l’âme
Et chacun à l’envi te blâme.
Au lieu de dire de ton nom Sanctificetur
On attend impatiemment
La fin de ton règne accablant ;
On en déteste la durée
Et l’on méprise justement Nomen tuum
Quand on parle de Malboroug
On voudrait se voir sous son joug
Pour éviter ton dur empire,
Et lassé d’un trop long martyre
L’on s’écrie hautement adveniat
L’on voit avec étonnement
Ton ridicule entêtement
Pour une vieille édentée
Que les démons ont empruntée
Pour perdre Regnum tuum.
Cette mégère d’enfer
Qui nous rend ton règne de fer
T’a si bien su mettre à la chaîne
Qu’à tout ce que veut cette reine
Tu lui dis comme un fat Fiat
Ce vieux instrument du démon
Dispose de tout son ton nom
Et pour combler sa victoire
Sans se soucier de ta gloire
Elle t’ôte jusqu’à voluntas tua.
Elle te rend si odieux
Par ses conseils pernicieux
Qu’on trouvera dans ton histoire
Qu’elle a terni toute ta gloire
Et t’a fait sicut in caelo et in terra.
Tous les jours mille et mille gueux
Deviennent fiers et glorieux
A la faveur de cette idole
Et soutenus de sa parole
Ils volent impunément Panem nostrum quotidianum
L’on n’entend parler que d’impôts
Levés par ces cruels suppôts
Qui, jamais lassés de rapine,
Crient à cette proserpine
Continuellement Da nobis.
Tes généraux mal choisis,
Tes maréchaux mols et transis
Sont du beau choix de cette femme,
Et par une conduite infâme
Ils te déshonorent Hodie
Ouvre tes yeux, vois ton malheur,
Deviens sensible à ton honneur,
Défais-toi de cette sorcière,
Rends-lui sa condition première
Renvoie-la vers ses dindons et dimitte nobis.
Ôte les capitations,
Fais cesser les vexations,
Nous te rendrons tout notre zèle,
Nous t’aimerons d’un cœur fidèle.
Prends seulement sur toi Debita nostra,
Fais-toi bien moins craindre qu’aimer
Et ne te laisse point charmer
Par une vaine flatterie.
Sers le vrai Dieu sans momerie
Et ne crois point certaines gens sicut et nos
Sois plus fidèle en tes traités,
N’attente plus aux libertés
De mille nations diverses.
Oubliant toutes tes traverses
Pour lors nous te dirons Dimittimus
Soulage ton peuple accablé
Qui de ses vœux t’a tant comblé,
Tu trouveras dans ses prières
Des forteresses et des barrières
Qui donneront de la douceur debitoribus nostris
Règne par toi-même, il est temps.
Tu feras moins de mécontents ;
Choisis des ministres sincères
Qui de ton peuple soient les pères.
Alors nous serons tous contents
Sed libera nos a malo.
BHVP, MS 551, p.83-86
Manque : et ne nos indicuas in tentationem