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La naissance de Louis XIV

La naissance de Louis XIV

La naissance de Louis XIV

Nous avons un Dauphin,

Le bonheur de la France.

Rions, buvons sans fin

A l’heureuse naissance,

Car Dieu nous l’a donné par l’entremise

Des prélats de toute l’Église,

On lui verra la barbe grise.

Lorsque ce Dieu-Donné

Aura pris sa croissance,

Il sera couronné

Le plus grand Roi de France.

L’Espagne, l’Empereur et l’Italie,

Le Croate et le roy d’Hongrie

En mourront de peur et d’envie.

La ville de Paris

Se montra nonpareille

En festins et en ris,

Le monde fit merveille,

Chacun de s’enivrer faisait grand 'gloire

A sa santé, à sa mémoire,

Aussi bien maître Jean que Grégoire.

Au milieu du ruisseau

Était la nappe mise,

Et qui buvait de l’eau

Était mis en chemise ;

Ce n’était rien que jeux, feux et lanternes,

On couchait dans les tavernes

Et si j’n’dis vray qu’on me berne !

Ce qui fut bien plaisant

Fut Monsieur La Raillière.

Ce brave partisan

Fit faire une barrière

De douze ou quinze muids où tout le monde

S’allait abreuver à la ronde

Et s’amusait à tirer la bonde.

Monsieur de Benjamin,

Des écuyers la source,

Fit planter un dauphin

Au milieu de sa course

Où six vingt cavaliers avec la lance

Lui faisaient tous la révérence

Et puis allaient briser la potence.

Au milieu du Pont-Neuf,

Prés du cheval de bronze,

Depuis huit jusqu’à neuf,

Depuis dix jusqu’à onze,

On fit un si grand feu qu’on eut grand’peine

A sauver la Samaritaine

Et d’empêcher de brûler la Seine.

Le feu fut merveilleux

Dans la place de Grève

Et quasi jusqu’aux cieux

La machine s’élève ;

Minerve y paraît de belle taille,

Vêtue d’une cotte de maille

Qui mettait tout son monde en bataille.

Enfin, tout notre espoir

Était que notre Reine,

Quelque jour, nous fit voir

Sa couche souveraine,

Nous donnant un Dauphin par bon présage

Il est beau, il est bon et sage,

Il fera des merveilles en son âge.

Numéro
*0051


Année
1638




Références

Arsenal 32888 - Barbier-Vernillat, I, 148-150