Le Confiteor d’Henri IV dédié au roi Louis XIII
Le Confiteor d’Henri IV dédié au roi Louis XIII
Le Confiteor d’Henri IV
dédié au roi Louis XIII
Quand je fis bannir les jésuites
Je rendis mon sceptre plus fort
Mais les appelants et leurs suites
Je me suis procuré la mort
Confiteor
Grand parlement où Dieu préside
Défais ce qu’à mon dam j’ai fait
Chasse ce troupeau parricide
Le châtiment des méchants plaît
Deo omnipotenti
Et toi, Sorbonne vénérable,
Fuis leur langage décevant,
Fuis leur doctrine abominable
Si tu veux plaire au Dieu vivant
Et beatæ Mariæ semper Virgini
N’associe la tourterelle
Avec le croassant corbeau,
Ni Père Ignace et sa séquelle
N’ajoute foi à son troupeau
Et omnibus Sanctis
Parfois j’entends comme il me semble
La voix de mon Louis disant
Les jésuites font que je tremble
Car toujours ils me vont nuisant
et tibi, pater
Les Pères en roi je dois bien craindre
Car ils me tiennent assiégé
Et qui pis je n’ose me plaindre
Pour rendre son cœur soulagé
Quia ego
Ainsi pour avoir rendu sourdes
Mes oreilles aux bons Français
Pour avoir las trop cru les bourdes
Que me donnaient tous ces matois
Peccavi nimis
Cependant comme un roi barbare
Ils m’on cruellement traité
Ils m’ont dépeint comme un Tartare
Bien que jamais je n’aie été
Contra legem Dei
Ils ont assailli ma personne
Sous faux prétextes et sujets
Ils ont traversé ma couronne
Mes affaires et mes sujets
Cogitando loquendo operando
Quiconque voudra prendre garde
Combien leur venin est infect
Qu’il prenne seulement bien garde
Aux maux qu’en ces lieux ils ont faits
Et in cunctis aliis
On ne les connaît d’abordée
D’autant qu’ils contrefont les saints
Mais quand leur haine est débordée
On connaît combien ils sont pleins
Vitiis
Aussi d’eux la France peut dire
hélas qu’ils m’ont brassé d’ennui
et me regrettant doivent dire
je n’ai aucun support meshui
Meis stalis ?
Pour avoir rétabli en France
Un corps si infect et pourri
Piqué de juste repentance
Je dis sans fin d’un cœur marri
Mea culpa
Quand je pense à la négligence
Que j’ai fait de tous les avis
Qu’on m’a donnés de cette engeance
Toujours en soupirant je dis
Mea culpa
Mais l’abat de la pyramide
Et la censure de l’arrêt
Fait en faveur d’uen Arsacide
Me fait dire outré de regret
Mea gravissima culpa
Sacré sénat que tant j’estime
Prends garde et veille pour ton Roi
Prends soin de lui tu sais que j’aime
Mon cher Louis et sais pourquoi
Ideo deprecor te
Je recommande ma Christine
Près sa mère elle fleurira
Et pourvu que cette vermine
N’approche d’elle elle sera
Beatissima virgo
Hélas royale géniture
Je vous ai manqué au besoin
Mais au lieu (par droit de nature)
Je sais que de vous aura soin
Maria
D’Aubigny, Gontier, Alexandre
Mariana et toi Gotton
Vous avez comploté l’esclandre
Qui causa ma mort ce dit-on
Et nos omnes
Vous avez l’apparne sainte
Vos discours semblent saints aussi
Mais vous n’avez rien que la feinte
Et jamais ne vécurent ainsi
Sancti et sanctae
Plutôt que penser vous contraindre
A changer vos faux documents
L’on vous ferait plutôt enfreindre
Les lois et les commandements
Dei
Cher Louis si tu l’osais dire
Tu me crierais Père ces loups
Ruinent du tout mon empire
Hélas je le confesse à tous
Et tibi pater
Pendant que le peuple s’occupe
En prières et oraisons
Ces Pères vont plumant la dupe
Toujours prêchant dans les maisons
Ut credis ?
Bien qu’aux chaires ils prennent peine
De louer mes exploits exquis
Ils ne le font que pour la haine
priant Dieu par forme d’acquis
?
Français n’entrez à la malheure
En pique pour tels effrontés
Faites qu’entier toujours demeure
Votre cœur et vos volontés
Ad dominum
Que la paix de vous ne s’écarte
Ayez amitié avec tous
Mais fuyez ces brouilleurs de carte
Si voulez avec nous
Deum nostrum
Car bien que Ravaillac ait eu
Les membres épars et rompus
Pour un tel coup par eux encore
Maints autres seront corrompus
Ut ipse
Louis de ma trop grand clémence
Prudent choisis-en le milieu
Des méchants ne prends la défense
Pense à moi et prie que Dieu
Miseratur mei
Ainsi puisses-tu croître egage [sic ?]
Et en vertu par l’univers
Puis par l’effort de son courage
Vaincre tes ennemis couverts
Amen
BHVP, MS 551, p.71-81