Placet des jésuites au cardinal de Bouillon
Placet des jésuites au cardinal de Bouillon
Placet des jésuites au cardinal de Bouillon
Toi qui fus des plus savants
En toute littérature,
Présidant depuis longtemps,
Ture lure,
A l’Ignace géniture,
Robin ture lure lure.
Doyen de nos Cardinaux,
Écoute, je t’en conjure,
Le récit de tous nos maux,
Ture lure,
Je vais citer l’aventure :
Robin ture lure lure.
Une cabale de gens
Emmitouflés de fourrure,
Reconnus pour médisants,
Ture lure,
De nous perdre, ont fait gageure,
Robin ture lure lure.
Ils disent partout de nous
Que devant une figure,
Nous nous mettons à genoux, Ture lure,
Mais au fond, c’est imposture,
Robin ture lure lure.
Que nous renions le Sauveur
En faisant belle figure,
Mais hélas ! c’est une erreur,
Ture lure,
Tu connais notre droiture,
Robin ture lure lure.
Qu’à la Chine, on nous a vus
Tenir la Magistrature
En Mandarins revêtus,
Ture lure,
Marcher au Temple en droiture,
Robin ture lure lure.
Que nous allons tous prêchant
Contre la Sainte Écriture,
Qu’en remontant trois mille ans,
Ture lure,
La Chine avait la foi pure,
Robin ture lure lure.
Que sans précepte et sans Loi,
Par l’effet de la nature,
Les Chinois avaient de quoi,
Ture lure,
Tendre à la Gloire future,
Robin ture lure lure.
Mais il n’est rien de si faux
Qu’une telle portraiture,
Car nous donnons au Très-Haut,
Ture lure,
Tout notre cœur, je l’assure,
Robin ture lure lure.
Si nous donnons quelquefois,
Et selon la conjoncture,
Dans le culte des Chinois,
Ture lure,
C’est feintise, je vous jure,
Robin ture lure lure.
Nous nous faisons tour à tour,
Pour gagner la créature,
Nous serions topinambours,
Ture lure,
Pour faire telle capture,
Robin ture lure lure.
Après protestation
D’une conduite si pure,
Sans écouter nos raisons,
Ture lure,
Ils ont fait une censure,
Robin ture lure lure.
Mais nous espérons de vous,
Qu’en voyant leur procédure,
Vous serez beaucoup plus doux,
Ture lure,
Et bifferez leur censure,
Robin ture lure lure.
Barbier-Vernillat, III, 37-39