Noël des chevaliers
Noël des chevaliers
Noël des chevaliers
Or, dites-nous, Marie,
Tous ces grands chevaliers
Sont-ils tous de mérite
Comme braves guerriers ?
– Nenni, Dieu je le jure
Cela n’est pas certain,
Ce sont gens sans figure
Car ils sont trop mutins.
Or, dites-nous, Marie,
Avez-vous le cœur net
De regarder de Luynes,
Et Brante et Cadenet ?
— Nenni, je suis transie,
Je me plains de souci
De cette truanderie
Qui règne dans Paris.
Or, dites-nous, Marie,
Quel regret avez-vous
De quitter nos patries
Et Louis de Bourbon ?
— J’ai regret sans doutance
De voir ainsi trahir
Toute la noble France
Par couillons réunis.
Or, dites-nous, Marie,
Le duc de Montbazon
Quitte-t-il la Normandie,
Y a-t-il trahison ?
— Oui, j’en suis certaine,
Car de Luynes était
Trop proche de la Seine
Pour faire son devoir.
Or, dites-nous, Marie,
Dites la vérité,
Le duc de Longueville
Pourquoi n’a-t-il été ?
— Peur de se rendre inique
Avec des faux couillons
Qui n’ont fait que des briques
A trousses de foulons.
Or, dites-nous, Marie,
De tous ces chevaliers,
De toute leur compagnie,
Nul est-il respecté ?
— Rien qu’un, je vous le jure,
Qui est de sang royal,
Il reçoit grande injure
Car il est trop loyal.
Or, dites-nous, Marie,
Viendrez-vous à Paris
Pour y voir la magie
De notre Roi Louis ?
— Je n’en demeure sûre,
Mais l’on tient pour certain
Que ferai ma demeure
Au faubourg Saint-Germain.
Or, dites-nous, Marie,
En étant de retour,
Serez-vous réjouie
Nous reconnaissant tous ?
— Je verrai à la face
Reconnaissant celui
Qui supporte la grâce
De notre roi Louis.
Barbier-Vernillat, I, 135-37 - F.Fr.12616