L'Astrée de La Fontaine et Collasse
L'Astrée de La Fontaine et Collasse
L’Astrée de La Fontaine et Colasse
Ah ! que j'aime La Fontaine
D'avoir fait un opéra :
Je verrai finir ma peine
Aussitôt qu'on le jouera.
Pour l'avis d'un fin critique,
Je vais me mettre en boutique
Pour y vendre des sifflets :
Je serai riche à jamais.
Chante, Boccace ou Douville,
La Fontaine, c'est ton fait;
Crois-tu qu'il te soit facile
D'être modeste ou discret?
Si ta muse ne badine,
On verra la libertine
Plus sotte qu'une catin
Qui fait la femme de bien.
Pour régaler La Fontaine,
Apprêtons tous nos sifflets.
Céladon est sur la scène,
Qu'il n'y paraisse jamais.
Il fatigue tout le monde,
Aussi, l'auteur de Joconde
Peut-il donner de bons tours
A d'immortelles amours ?
Taisez-vous, maudit parterre!
Le malheureux Céladon
Vous craint plus que le tonnerre,
Même plus que le Lignon.
Il vient de sortir de l'onde,
Peut-il plaire à tout le monde?
Pourquoi s'écrier d'abord
Qu'il fera naufrage au port?
On peut deviner sans peine,
A voir parler Céladon,
Qu'il nous vient de La Fontaine,
Mais ce n'est pas d'Hélicon
C'est de l'égoût du Parnasse,
Et l'on a choisi Colasse
Pour en composer les airs
Aussi mauvais que les vers.
Barbier-Vernillat, III, 186