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Chanson sur le chagrin et les plaintes du père Annat

Chanson sur le chagrin et les plaintes du père Annat

 

Chanson sur le chagrin et les plaintes du père Annat1

Quoi ! dit Annat, le Pape avec son foudre

Tremble dans ses projets ?

Lui, qui pourrait réduire tout en poudre,

Vient de faire la paix ?

Par la morbleu, ce Pape est mal habile,

Je veux un Concile,

Moi,

Je veux un Concile.

Le défunt Pape entendait mieux la guerre

Et l’ordre des combats.

A tous moments, il voulait son tonnerre

Et faisait grand fracas,

Mais ce Clément, qui n’a pu se défendre,

N’est pas Alexandre,

Lui,

N’est pas Alexandre.

J’avais tâché, par une adresse extrême,

De me gagner le Roi,

Mais cet esprit veut tout faire lui-même,

Ne se fiant qu’à soi.

Et l’on voit bien par cette paix sinistre

Qu’il est sans ministres,

Lui,

Qu’il est sans ministres.

Des vingts Prélats, la lettre incomparable

Au très Saint-Père, au Roi.

Montra fort bien le tort insupportable

Qu’on faisait autrefois

En maltraitant Messieurs les Jansénistes.

Pour plaire aux Jésuites,

Hélas !

Pour plaire aux Jésuites.

Prélat d’Embrun, partisan des Jésuites,

Qui depuis ton retour

As tant écrit contre les Jansénistes,

Croyant faire ta cour,

Chacun dira relisant ta requête :

Oh ! la grosse bête, Hélas !

Oh ! la grosse bête !

Notre Prélat, qui paraissait si sage,

A perdu son honneur

En devenant du Père Annat le page.

Il n’a plus de faveur,

On l’a privé du traité de la grâce,

Ce qui le tracasse,

Lui,

Ce qui le tracasse.

Tout est perdu, le Pape est Janséniste,

Il nous l’a déclaré.

Par un décret contre les Molinistes.

Le fait est avéré.

S’il a commis un crime tant horrible,

Il sera faillible,

Lui,

Il sera faillible.

Le Père Annat, protecteur de l’affaire,

Se voyant outragé,

Jure tout haut, ignorant le mystère,

Qu’il en sera vengé,

Que si Clément échauffe trop sa bile,

Il aura Concile,

Lui,

Il aura Concile.

Ce gros Prélat, ce premier commissaire,

Est tout des plus ardents,

Tout étonné de savoir que l’affaire

Allait à contresens,

A dit : « Hélas ! » avec sa triste mine,

« Je suis la victime,

Moi,

Je suis la victime. »

 

 

  • 1Titre complet : Chanson sur le chagrin et les plaintes du Père Annat, confesseur du Roi, à l'occasion de la paix de l'Eglise en 1669 lorsque Clément IX reconnut M. Arnaud pour orthodoxe sans lui faire faire aucune vexation.

Numéro
*0005


Année
1669




Références

Barbie-Vernillat, III, 20-23